Alexandre DESCHAUMES . Photographe en Haute-Savoie (74)

Un ami m’a offert il y a 2 ans le film « La quête d’inspiration » d’Alexandre Deschaumes. Ce film retrace la quête menée par Alexandre, son appareil photo à la main à travers les forêts et les paysages de nature, par tous les temps, sur différents continents, à la recherche de lumières, d’ambiances qui petit à petit a donné vie à ses belles images éthérées. Ce film m’a plu car j’aime la photo, la nature et les voyages, il m’a beaucoup touchée et j’étais curieuse de découvrir cet aventurier mystérieux à l’origine de ces images. Je voulais découvrir comment il avait cheminé pour faire ce qu’à un moment donné j’aurais aimé avoir le courage de faire.

Je suis donc allée rencontrer Alexandre, photographe en Haute-Savoie, chez lui, à Bonneville, et je vous partage aujourd’hui quelques clés de sa quête.

Bonjour Alexandre, aujourd’hui tu exerces ta passion pour la photographie : tu réalises de belles images de nature et organises des stages de photo, qu’est-ce qui t’animes à travers ce métier ?
« A travers mes images, je cherche à transformer le chaos en beauté. Dans mes formations, j’aime aider les gens à révéler leur potentiel dormant, les rassurer, leur faire prendre confiance.»

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Que faisais-tu avant d’être photographe ?
Alexandre me livre qu’il n’était pas doué pour les études et qu’il n’arrivait pas à se faire à l’idée de rejoindre le monde du travail.

« Au départ j’ai commencé dans la musique, en donnant quelques cours de guitare pendant 10 ans. J’ai aussi fait de la batterie. Ce qui m’intéressait là déjà, c’était l’improvisation libre, permettre aux gens de libérer leur créativité. Mais du coup, j’avais plus de mal à ce que ça marche, cette démarche attire souvent moins de monde.

Qu’est-ce qui t’a mis sur le chemin de la photographie ?
« Je crois que c’était au départ pour me sentir meilleur, une sorte de revanche personnelle envers mon beau-père qui lui-même faisait de la guitare et de la photo. C’est ça qui m’a donné de l’énergie à m’acharner je crois. Au début, je piquais son appareil photo. C’est avant tout mes frustrations, la solitude de mon histoire, ma colère et ma grande mélancolie qui ont déteint sur ma musique et ensuite sur mes images. Très jeune, j’ai été attiré par les mondes parallèles, à travers les livres et les jeux vidéo d’aventure. J’ai ensuite cherché dans la nature à retrouver ces ambiances, comme un écho à ce qui me faisait rêver. »

Quels ont été tes doutes en chemin, tes difficultés ?
« J’ai toujours éprouvé beaucoup de culpabilité. La culpabilité de ne pas savoir quoi faire dans ma vie. Puis j’ai travaillé à la Poste pour finir tôt et pratiquer la photo. Je vivais alors toujours chez mes parents. Je ne pensais qu’à ça, à l’envie de m’échapper du travail pour rejoindre la forêt avec mon appareil à la main, et là encore je culpabilisais beaucoup. Mais je crois que la photo m’a évité de devenir mauvais ou méchant, de mal tourner. »

As-tu eu du soutien de ta famille, tes proches t’ont-ils compris ?
« Mon entourage était inquiet car j’étais très déprimé. Il trouvait mes photos belles mais essayait de me guider vers plus de sécurité. Mais mon père évoluant dans le monde du spectacle m’a compris. »

Alexandre me livre que vivre de ses photos est encore compliqué, qu’il a la chance d’avoir un toit sur la tête et des besoins très modestes, lui permettant de vivre avec peu.

Et aujourd’hui t’arrive-t-il encore de douter ?
« Oui encore aujourd’hui. J’ai envie de sortir de ma mélancolie et en même temps j’ai peur de la perdre car elle est la source de ma créativité. »

As-tu de nouveaux projets, quelle est la suite pour toi ?
« J’ai envie d’une sérénité inspirée. J’ai des projets, notamment de voyages photographiques mais j’ai du mal à déclencher l’énergie. Je n’ai pas le courage pour le moment, trop de peurs, j’aimerais y aller avec d’autres. »

Quels clés pourrais-tu partager sur comment trouver sa voie ?
« Je ne sais pas. Personnellement ce qui m’a aidé, c’est de détester, être trop mal au boulot. L’insupportable m’a permis de bouger. L’appel était plus fort que tout, malgré la culpabilité. Au début, souvent, la chance du débutant nous aide, ça ne coûte rien d’essayer. Mais le problème, c’est que bien souvent, on ne fait qu’essayer. Alors que l’on aura inévitablement des échecs, des moments où ça ne se passera pas bien, mais là il est important de continuer. La pêche d’y aller revient toujours.

Mon conseil serait de prendre du temps et de l’espace pour soi, du temps pour pouvoir se trouver et transformer notre chaos intérieur en beauté. »

Et comme toujours, pour conclure mes interviews, j’aime bien faire rencontrer Aladin et les personnes passionnées que je rencontre :

Stitched Panorama
Alexandre, si tu pouvais faire un vœu, pour toi, n’importe lequel, quel serait-il ?
« Pouvoir faire des vœux quand je veux ! »

Et pour le monde de demain, quel serait ton vœu, cette fois-ci collectif ?
« Là je ne vois pas, j’avoue que je n’ai pas vraiment de foi dans l’humanité… »

Je remercie Alexandre pour le temps consacré à répondre à mes questions un après-midi d’hiver au coin de son poêle à bois chaleureux.

Alors il nous reste à souhaiter que notre humanité puisse elle aussi trouver le chemin pour transformer son chaos en beauté comme le fait si bien Alexandre à travers ses belles images !